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lundi 19 février 2007

Points du programme I·10 : Philippe Vendrix

Présentation de la proposition de Philippe Vendrix (Centre d'études supérieures de la Renaissance - CNRS)
Du progrès ou du paradis perdu ? Conséquences de la mise en crise théorique du modèle antique dans le discours sur la musique

  • Argument

Au milieu du xvie siècle éclate une querelle entre Vicentino et Lusitano : il s’agit de savoir si les compositeurs modernes recourent ou non aux trois genres grecs (diatonique, chromatique et enharmonique). Le débat fait rage, et deux experts sont nommés juges, dont le compositeur et chanteur Danckerts. Vicentino sort vaincu de cette joute. Il se justifiera par écrit dans sa L’antica musica ridotta alla moderna prattica. Ce texte n’est qu’un des témoignages de cette querelle dont les échos se feront encore sentir au début du xviie siècle. Mon intervention examinera les conditions et les arguments de cette querelle « fondatrice ».

Elle portera également sur ses répercussions dans le différend qui opposera Artusi et Bottrigari autour des deux essais intitulés Il Melone. Parmi les questions que soulève cette série de conflits, celle du sens « musical » (à savoir, quelle est la thématique essentiellement musicale, importante pour les compositeurs, lors d’une Querelle des Anciens et des Modernes) sera particulièrement développée.


Points du programme I·9 : Rudolf Rasch

Présentation de la proposition de Rudolf Rasch (Universiteit Utrecht)
Redéfinition du théoricien : l’exemple d’Andreas Werckmeister, traditionnel-spéculatif et moderne-pratique
(Andreas Werckmeister, Music Theorist with Two Faces, Traditional-Speculative and Modern-Practical)

  • Argument

Andreas Werckmeister (1645-1706) is one of the most important German music theorists of the late seventeenth century. He worked as an organist in various towns in Thuringia, in relative isolation. As a composer he is of peripheral importance. It is his writing on music, in German, that has given him a lasting place in the history of music history. From 1681 until his death he published twelve texts on music of differing length, scope, and character. The wide range of topics discussed by him may be grouped into four classes: 1. Organ building, 2. Tuning and temperament, 3. Practical music theory or music theory proper, and 4. Speculative music theory. His main texts in these four fields are, respectively, the Erweiterte Orgel-Probe (1698), Musicalische Temperatur (1691), Harmonologia musica (1702), and Musicalische Paradoxal-Discourse (1707). In many cases his texts treat topics from more than one of these fields.

Werckmeister not only tells us what the rules of music theory are, he also wants to tell why they are as they are. He looks for and find his explanations in “Nature”, a concept that means for Werckmeister erevything that is not man-made and therefore made or created by God. It includes what we usually call “Nature” but also, for example, the numbers and the human body and mind, simply because they are not made by man, but found by man in his environment. “Nature” always had an order imposed on it by God, in accordance with the words from the Book of Wisdom that God has “ordered all things in measure and number and weight” (sed omnia in mensura, et numero et pondere disposuisti. Liber Sapientiae, 11, 21). The use of “Nature” satisfied Werckmeister’s need for a foundation of the theory of music in his Christian (Lutherian) faith.

Especially number theory proved useful for the foundation of music theory. Numbers could be used to define intervals, and intervals are, of course, in the midst of music theory. Also temporal aspects of music, rhythm and meter, can be succesfully described in numerical terms. Numbers can also be used to develop a theory of tuning and temperament. And the use of numbers to construct a theory of music had a long history, including Antiquity, the Middle Ages, and the more recent music theory of Zarlino and many others, thereby satisfying Werckmeister’s need for authority and tradition.

The application of number theory as the foundation of music theory has, however, also its limits and these limits were clearly noticed by Werckmeister. Number theory would forbid, for example, temperament (because this implied a deviation from a true ratio) and would allow parallel fifths and octaves (because these could be described by simple numbers). But Werckmeister was a musician too and he knew that temperament was necessary when tuning an organ and parallel fifths and octaves could not be allowed in musical composition. So he deviced explanations to help him out of these problems. And after that he went one with straightforward tuning theory and music theory, liberated from the burden of number theory.

That means that in Werckmeister’s writings there is a constant switching between the speculative foundations of music and the practical description of actual phenomena, be it regarding music theory, tuning and temperament, or organ building. As a theorist this means a constant shift between a beckward looking, traditional-speculative, and a forward looking, modern-practical orientation.

dimanche 18 février 2007

Points du programme I·8 : Nicolas Meeùs

Présentation de la proposition de Nicolas Meeùs (Université de Paris IV)
Les théoriciens de la tonalité étaient-ils des Modernes ?

  • Argument

Le développement de la tonalité au xviie siècle est sans doute, de notre point de vue, l’un des événements les plus éminemment modernes de cette époque. Il n’est pas certain cependant qu’il ait été perçu de cette manière à l’époque, ni que la tonalité naissante ait été considérée représentative de la modernité. Au contraire, certains de ses théoriciens, Rameau compris, prennent des positions qui semblent contribuer plutôt à la défense des Anciens. Le statut de la théorie tonale par rapport à la querelle demeure donc pour le moins ambigu.

La question peut être examinée de plusieurs points de vue :

— celui des effets de la musique : la réduction du nombre des modes à deux (majeur et mineur) semble peu propice à des effets variés.

— celui du rôle à accorder à la raison ou au sentiment, et du lieu où situer les fondements de la tonalité.

— à un niveau plus technique, le développement de la pensée harmonique au détriment de la pensée contrapuntique, la prise de conscience (ou non) de la multiplicité possible des tonalités, le tempérament, etc.

mardi 13 février 2007

Points du programme I·7 : André Charrak

Présentation de la proposition dAndré Charrak (Université de Paris I)

Entre philosophie de la musique et théorie musicale : la querelle des Anciens et des Modernes au xviiie siècle

  • Argument

Une fois rappelés, d’une part l’importance de la référence aux Anciens dans la façon dont les philosophies modernes de la musique thématisent leur propre originalité (on prendra l’exemple de Mersenne), d’autre part les éléments qui, dans la querelle littéraire des Anciens et des Modernes, intéressent la musique ­ on tâchera de montrer quels déplacements surviennent dans les textes du XVIIIe siècle, qui se réfèrent constamment à cet épisode. Ces changements sont susceptibles de la double caractérisation préliminaire suivante :

1) les philosophies de la musique intègrent, diffractent et modifient les thèmes classiques de la référence aux Anciens (ainsi sur les effets de la musique) en fonction des enquêtes généalogiques sur l’origine des langues, de la musique, etc. qui caractérisent l’empirisme des Lumières.

2) Puisés dans le domaine de la théorie musicale proprement dite, les principes d’une écriture par accords permettent de proposer une nouvelle interprétation des différences entre musique ancienne et musique moderne.

jeudi 8 février 2007

Points du programme I·6 : Guido Mambella

Présentation de la proposition de Guido Mambella (Università di Bologna ; université de Strasbourg)
La musica perfetta: Zarlino alle origini della Querelle

  • Argument
Il centro focale della mia relazione sarà la critica degli antichi in Zarlino, ovvero la costituzione di una coscienza della modernità rispetto secondo gli assi di una temporalità di breve periodo (polemiche con Salinas e con Vincenzo Galilei), di medio periodo (critica dei cosiddetti commentatori di Boezio: Gaffurio e Lefèvre d’Estaples) e di lungo periodo (presa di distanza dai Pitagorici). Queste strategie sono il portato di una coscienza di originalità e novità la cui immagine, con la quale Zarlino tende ad identificarsi, è quella del «Nuovo Pitagora» della teoria, come il suo maestro Willaert lo era stato della pratica. In particolare appunto il rapporto teoria pratica, è radicalmente ripensato alla luce del nuovo ideale di melopeo o musico perfetto, delineato già dal «Proemio» delle Istituzioni del 1558 e da cui prende il titolo l’ultima opera inedita del teorico di Chioggia.

Points du programme I·5 : Anne Piéjus

Présentation de la proposition d'Anne Piéjus (Institut de recherche sur le patrimoine musical en France - CNRS)
Tradition et rupture
vues de Rome : quels enjeux pour quelle « modernité » ?

  • Argument
Au lendemain du concile de Trente, le répertoire spirituel extérieur aux offices échappe pour une large part aux débats théoriques ; généralement étranger aux querelles musicales, il entretient à la modernité un rapport ambivalent, en privilégiant souvent des musiques du passé, reprises, parodiées, remises au goût du jour, et massivement rééditées.
En interrogeant un répertoire spécifique — celui des laudes oratoriennes et jésuites —, on tentera d’évaluer les contours musicaux, esthétiques, sociaux et politiques de cette absence à la modernité musicale, et d’en dégager une réflexion sur la relation qu’elle induit entre le fidèle et la musique de dévotion, prise entre assignation dévotionnelle et jouissance esthétique. Il s’agira de comprendre comment la résistance et l’imperméabilité à la modernité constituent la condition nécessaire à un mode de relation du fidèle à la musique rapidement relégué au rang des utopies contre-réformistes, qui distingue fondamentalement la musique vocale des autres formes esthétisées de soutien à la conversion

Points du programme I·4 : Théodora Psychoyou

Présentation de la proposition de Théodora Psychoyou (Académie de France à Rome)
La Querelle dans les mutations de ses termes (théoriciens versus praticiens, Français versus Italiens…)

  • Argument
L’organisation bipolaire fondée sur la comparaison, sur le parallèle et, dans certains cas, exprimée par la querelle et l’apologie de l’un ou l’autre des éléments de comparaison fait partie des mécanismes d’appropriation du modèle et structure le discours. De ce point de vue, le comparatisme Anciens-Modernes n’induit pas obligatoirement la Querelle, pour ce qu’il témoigne en premier lieu d’une figure de pensée dont la querelle est une des expressions. En marge de la question des Anciens et des Modernes se dessinent d’autres axes de comparaison potentiels, notamment l’opposition entre les théoriciens et les praticiens, puis celle entre la musique française et italienne. Les manières de considérer l’objet divergent, et les finalités aussi. Dans le cadre de la Querelle, c’est principalement la critique du modèle (et, par conséquent, la « manière de faire ») qui motive le discours. Dans le cadre de la comparaison, le but principal est la définition des objets de la musique à défaut, très vraisemblablement, d’une méthode et d’un arsenal terminologique en soi, à défaut, dans le domaine musical, d’une définition per se de l’un ou l’autre terme de la comparaison. Il est par exemple question de la musique par rapport au discours, par rapport à la mathématique, par rapport à la poésie, à la logique, à la peinture, etc… ; le son est comparé aux couleurs, le chant à la parole, la voix aux instruments, les Français aux Italiens, Anglais, Allemands ou Espagnols.
Pour ce qui concerne les démarches fondées sur la critique d’un modèle, une seconde remarque est celle de l’imbrication des couples, tant par correspondances directes que par des glissements du sens. La Querelle des Anciens et des Modernes a pu ainsi prendre parfois l’aspect d’une querelle entre théoriciens et praticiens, entre mathématiciens et physiciens ou empiristes, voire entre Italiens et Français. Si la correspondance de binômes Anciens/théoriciens et Modernes/praticiens peut sembler naturelle et logique, celle entre Anciens et Italiens puis Modernes et Français pourrait en revanche surprendre. Mais le tour parfois passionnel que prit la querelle à la fin du xviie siècle fit que certaines analogies fort subjectives résultèrent autant des conflits de concepts que de personnes. Le cas de Lecerf de la Viéville dans sa Comparaison de la musique italienne et de la musique française en est particulièrement représentatif.