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dimanche 21 janvier 2007

Points du programme I·2 : Jean Duron

Présentation de la proposition de Jean Duron (Centre de musique baroque de Versailles)

La création de l’opéra : le genre lyrique face à ses modèles
  • Argument :

La création de l’opéra français durant la seconde moitié du XVIIe siècle fut certes le fruit d’une synthèse heureuse entre des éléments épars pré-existants (intermèdes de théâtre, comédies-ballets, ballets de cour, danse, machines…), mais elle résulta surtout d’une controverse qui agita le théâtre déclamé des années 1650-1690 : les œuvres immenses de Corneille et Racine dont on reconnaissait volontiers l’inspiration antique refusaient les ingrédients les plus fameux de la tragédie des Anciens − principalement le prologue, la danse, les chœurs et le chant −, ceux-là même auxquels l’Antiquité gréco-romaine conférait des vertus prodigieuses. C’est dans ce contexte particulier que des personnalités comme Pierre Perrin et Philippe Quinault tentèrent l’aventure du théâtre lyrique, envisagé probablement moins comme un spectacle musical nouveau, que comme une amélioration du théâtre déclamé, comme un progrès inspiré des Anciens, un progrès « s’appuyant sur les Anciens ». D’où la singularité de la tragédie lyrique de type lullyste.
Dans cette perspective, le fait que la naissance de l’opéra français fut à la fois si tardive et si difficile au regard des autres théâtres lyriques européens ne peut-il pas être considéré, au moins partiellement, comme la conséquence de l’éclatant succès du théâtre déclamé français ?
La prise de conscience des auteurs contemporains ne fut-elle pas rendue possible par le sentiment nouveau que, d’une certaine manière, ces grands auteurs tragiques usurpaient leur filiation aux Anciens ?
Le parallèle entre les Discours de 1660 de Corneille et les écrits contemporains de Perrin est significatif à cet égard. La révolution musicale qui s’opérait alors en France et qui remettait en question toutes les anciennes formes de relation entre texte et musique, fit le reste, permettant à des poètes amateurs de musique (Benserade, Bacilly, Perrin, Quinault) d’oser, par pur « instinct », des formes inouies et d’ouvrir une formidable réflexion sur le théâtre à l’imitation des Anciens, chemin qui aboutit à Cadmus & Hermione et à la création de l’Académie royale de Musique.

1 commentaire:

Anonyme a dit…

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