· blog d'nformations et documents de travail ·

mardi 23 janvier 2007

Points du programme I·3 : Raphaëlle Legrand

Présentation de la proposition de Raphaëlle Legrand (Université Paris IV)
L’opéra après Lully : un modèle en question (Lecerf, Dubos)
  • Argument
Vingt ans après la mort de Lully, l’opéra reste au centre des discussions sur la musique en France. Cependant il ne s’agit plus de s’interroger sur sa légitimité en le comparant à d’autres genres littéraires ou en l’instrumentalisant dans une confrontation entre Anciens et Modernes. L’opéra n’est plus mesuré à l’aune de modèles qui lui sont extérieurs. Il est devenu le champ privilégié des débats et des querelles, car il s’est lui-même constitué en modèle – du moins les œuvres de Lully érigées en corpus de référence, enraciné dans un passé proche et glorieux.
C’est dans le champ même de l’opéra que se développe l’activité comparatiste : entre Lully (un « moderne » devenu « ancien » et exemplaire) et les compositeurs qui lui ont succédé, entre la musique française (Lully, par synecdoque) et la musique italienne. Le modèle lullyste représente un point de référence qui favorise et stimule les débats (Lecerf). Sa légitimité permet enfin d’intégrer la réflexion sur la musique dans un système général des arts et de réunir dans une même pensée critique – et de façon pacifiée – les références aux Anciens et aux Modernes (Dubos). Mais la contrepartie n’est pas négligeable : au xviiie siècle, l’opéra tend à devenir l’unique lieu où la musique semble pensable, occultant de fait une grande partie de l’activité musicale.

dimanche 21 janvier 2007

Points du programme I·2 : Jean Duron

Présentation de la proposition de Jean Duron (Centre de musique baroque de Versailles)

La création de l’opéra : le genre lyrique face à ses modèles
  • Argument :

La création de l’opéra français durant la seconde moitié du XVIIe siècle fut certes le fruit d’une synthèse heureuse entre des éléments épars pré-existants (intermèdes de théâtre, comédies-ballets, ballets de cour, danse, machines…), mais elle résulta surtout d’une controverse qui agita le théâtre déclamé des années 1650-1690 : les œuvres immenses de Corneille et Racine dont on reconnaissait volontiers l’inspiration antique refusaient les ingrédients les plus fameux de la tragédie des Anciens − principalement le prologue, la danse, les chœurs et le chant −, ceux-là même auxquels l’Antiquité gréco-romaine conférait des vertus prodigieuses. C’est dans ce contexte particulier que des personnalités comme Pierre Perrin et Philippe Quinault tentèrent l’aventure du théâtre lyrique, envisagé probablement moins comme un spectacle musical nouveau, que comme une amélioration du théâtre déclamé, comme un progrès inspiré des Anciens, un progrès « s’appuyant sur les Anciens ». D’où la singularité de la tragédie lyrique de type lullyste.
Dans cette perspective, le fait que la naissance de l’opéra français fut à la fois si tardive et si difficile au regard des autres théâtres lyriques européens ne peut-il pas être considéré, au moins partiellement, comme la conséquence de l’éclatant succès du théâtre déclamé français ?
La prise de conscience des auteurs contemporains ne fut-elle pas rendue possible par le sentiment nouveau que, d’une certaine manière, ces grands auteurs tragiques usurpaient leur filiation aux Anciens ?
Le parallèle entre les Discours de 1660 de Corneille et les écrits contemporains de Perrin est significatif à cet égard. La révolution musicale qui s’opérait alors en France et qui remettait en question toutes les anciennes formes de relation entre texte et musique, fit le reste, permettant à des poètes amateurs de musique (Benserade, Bacilly, Perrin, Quinault) d’oser, par pur « instinct », des formes inouies et d’ouvrir une formidable réflexion sur le théâtre à l’imitation des Anciens, chemin qui aboutit à Cadmus & Hermione et à la création de l’Académie royale de Musique.

mercredi 17 janvier 2007

Visite du 24 février : orgue hydraulique

Dans le cadre de notre séminaire, nous avons l’immense plaisir de proposer aux intervenants et aux pensionnaires une visite privée d’un endroit tout particulier, à savoir la fontaine de l’orgue qui se trouve dans les jardins du palais du Quirinale.

Rudolf Rasch nous présentera linstrument, ainsi que lhistorique de sa récente restauration.

Cet orgue hydraulique fut réalisé dans la nicchia delle muse du palais du Quirinale. En 1550, le cardinal Hippolyte II d’Este (le même qui fit faire le jardin de la villa d’Este à Tivoli, où se trouvent deux fontaines en sons, dont un orgue hydraulique, antérieur au nôtre, aujourd’hui totalement refait) fit faire d’importants travaux hydrauliques, et fit créer une fontaine dans ladite niche du palais en construction. En 1598, le facteur d’orgues Luca Blasi réalisa, dans cette fontaine, un orgue hydraulique, qui fut ensuite réaménagé par Athanasius Kircher, en 1648, puis, en 1704, par Filippo Testa. C’est le seul de cette époque à avoir survécu et à être «en sons».

«Domenica mattina l’Ambasciator persiano fu dai Ministri del Papa splendidamente banchettato nel giardino di Montecavallo al luoco proprio dove sono gli organi che suonano a forza d’acqua, dove finito il banchetto furono girate le chiavi dell’acque che sorgiongendo bagnaron sì li Persiani come molti gentiluomini italiani che vi erano presenti, del qual scompiglio si presero grandissimo gusto, et di poi cavalcarono per la città. »

(Avis du 9 juin 1601, in L. Salerno, “La fontana dell’organo nei giardini del Quirinale”, Capitolium, 4/XXXVI (1961), p. 3-9)


· Aperçu de la « fontaine de l’orgue » du palais du Quirinale [cliquer sur Immagine panoramica]
· Présentation des jardins du palais du Quirinale


Visita della Fontana dell'Organo :
- sabato 24 febbraio alle ore 10
- ingresso da Porta Dataria : Via della Dataria 96
"salvo eventuali impegni istituzionali del Capo dello Stato"

RAPPEL IMPORTANT
Étant donnée la spécificité de ce lieu, il nous a été demandé de fournir préalablement la liste des personnes qui seront présentes, contentant les informations suivantes :

· Prénom et nom

· Date et lieu de naissance

· Numéro du document d’identité (carte d’identité ou passeport) qui devra être présenté par chaque participant à l’entrée

N'oubliez pas de vous munir, dans cette perspective, d'un document d'identité
!


Orgue hydraulique du palais du Quirinale (Rome)

Orgue hydraulique de la villa d'Este (Tivoli)

Orgue hydraulique de la villa Aldrobandini (Frascati)
enfin... ce qui en reste, c'est-à-dire très peu de choses

Concert du 22 février

J'ai le plaisir de vous présenter le concert qui inaugurera notre séminaire de recherche

Dalla Porta d’Oriente

Ensemble La Turchescha
Jeudi 22 février 2007
20 h 30
Académie de France à Rome - Villa Médicis
Grand Salon

Au xviie siècle, Venise, Constantinople et Smyrne sont de hauts lieux de rencontre pour les voyageurs, les marchands et les musiciens de l’Europe tout entière : sur les quais, les instruments de musique venus d’Orient et d’Occident se croisent et se vendent, airs et chansons s’échangent autour de ce commerce, comme en témoignent les récits de cette époque. Ambassadeurs, voyageurs et savants reviennent d’Orient avec des échantillons musicaux, des instruments de musique, des manuscrits et des miniatures décrivant la vie musicale dans l’Empire Ottoman du xviie siècle et participent alors à mode des « turqueries ». Pas encore tout à fait dans une approche ethnologique, philosophes et théoriciens de la musique interrogent ces découvertes dans la perspective d’y retrouver des traces de ce « paradis perdu » de la musique grecque antique, dont il s’agissait d’identifier, pour se les approprier, les vertus expressives singulières, propres à l’idéal antique. De leur côté, les sultans ottomans, sensibles aux goûts artistiques et à la mode des cours européennes, accueillent à Istanbul les musiciens européens afin d’importer le style des Modernes.
Ce concert nous fait découvrir les résultats de ces échanges culturels et recrée cette passerelle musicale entre la République de Venise et la Sublime Porte, faisant entendre, pour la première fois en Italie, des pièces turques inédites rapportées par les ambassadeurs de Venise et des pièces de musique ottomane issues d’un manuscrit turc du xviie siècle, au côté de pièces italiennes de Giulio Caccini, Tarquinio Merula et Giovanni Girolamo Kapsberger.

programme
Giulio Caccini (1551-1618), Dalla Porta d’Oriente
Giovanni Girolamo Kapsberger (ca 1580-1651), Sinfonia
Giulio Caccini, Torna deh torna

Sehâ Zülfün
, extrait du Mecmuâ i Sâz ü Söz [Recueil de poèsie et de musique], copié par Ali Ufkî (1610-ca 1675)
Giovanni Girolamo Kapsberger, Capona, Sfessaino

Ey seh i melek
, extrait du Mecmuâ i Sâz ü Söz, copié par Ali Ufkî
Semâi Efrenci
, extrait du Mecmuâ i Sâz ü Söz, copié par Ali Ufkî
Tarquinio Merula (ca 1594-1665), Folle ben si crede

Danse Grecque
, rapportée par Charles Fonton (1725-1793), Essai sur la musique orientale comparée à la musique européenne (Paris, 1751)
Vincenzo Galilei (ca 1528-1591), La moresca
Giovanni Girolamo Kapsberger, Colascione
Giovanni Girolamo Kapsberger, Ciaccone
Vincenzo Calestani (1589-ca 1617), Damigella tutta bella

Ey Servî Revânim
, extrait du Mecmuâ i Sâz ü Söz, copié par Ali Ufkî
Vincenzo Calestani, Scherzo sopra Tamburo alla Tuchescha

Cengi Harbi
, extrait du Mecmuâ i Sâz ü Söz, copié par Ali Ufkî


ensemble La Turchescha
Direction artistique : Chimène Seymen
Co-direction musicale : Françoise Enock et Massimo Moscardo

Chimène Seymen, Soprano
Françoise Enock, viole de gambe, vièle à archet, colascione
Massimo Moscardo, tiorbino, théorbe
Bruno Caillat, percussions, bendir, darbouka
Françoise Johannel, harpe
Judith Pacquier,
cornet à bouquin et flûtes

Fondé sur le partage du savoir et l’échange, l’ensemble La Turchescha participe au dialogue culturel entre les musiques anciennes d’Orient et d’Occident. Il élabore ses programmes de concerts à partir de recherches musicologiques mettant en lumière les traces des musiques venant d’orient et, plus particulièrement, de celles liées à la présence de l’Empire Ottoman en Europe depuis le xve siècle. En outre, fort de cette volonté d’approfondir et de promouvoir la connaissance par le public de cette époque historique et artistique, l’ensemble collabore avec d’autres disciplines scientifiques et artistiques en associant ses concerts à des journées d’études et conférences.

· Communiqué de presse du concert Dalla porta d'Oriente ·
· Comunicato stampa concerto ·

mercredi 10 janvier 2007

Programme du séminaire du 23 février

Voici le programme définitif ; la journée sera organisée en deux séances de tables rondes, chacune composée d'une série d'interventions/discussions et d'une synthèse/ouverture (André Charrak pour la première table ronde et Jacqueline Lichtenstein pour la seconde).

[Dépliant en document pdf]

9h30 · Les enjeux d’une tension (France-Allemangne-Angleterre-Italie)

Modérateur : Nicolas Meeùs

Philippe Vendrix (Centre d’études supérieures de la Renaissance - CNRS)

Du progrès ou du paradis perdu ? Conséquences de la mise en crise théorique du modèle antique dans le discours sur la musique (à partir de Vicentino et Danckerts)

Guido Mambella (Università di Bologna ; université de Strasbourg)

La musica perfetta: Zarlino alle origini della Querelle

Peter Hauge (Det Kongelige Bibliotek, Danemark)

Updating music theory in 17th-century England: discussions between musicians and natural philosophers of the Royal Society

Rudolf Rasch (Universiteit Utrecht)

Redéfinition du théoricien : l’exemple d’Andreas Werckmeister, traditionnel-spéculatif et moderne-pratique

Nicolas Meeùs (Université de Paris IV-Sorbonne)

Les théoriciens de la tonalité étaient-ils des Modernes ?

André Charrak (Université de Paris I)

Entre philosophie de la musique et théorie musicale : fortune et déplacements de la querelle au xviiie siècle


15h · La Querelle et la recomposition des modèles

Anne Piéjus (Institut de recherche sur le patrimoine musical en France - CNRS)

Tradition et rupture vues de Rome : quels enjeux pour quelle « modernité » ?

Théodora Psychoyou (Académie de France à Rome)

La Querelle dans les mutations de ses termes (théoriciens versus praticiens, Français versus Italiens…)

Jean Duron (Centre de musique baroque de Versailles)

La création de l’opéra : le genre lyrique face à ses modèles

Raphaëlle Legrand (Université de Paris IV-Sorbonne)

L'opéra après Lully : un modèle en question (Lecerf, Dubos)

Conclusions
Jacqueline Lichtenstein (Université de Paris IV-Sorbonne)

Le comparatisme Anciens-Modernes dans ses différentes manifestations (musique, lettres, peinture) : enjeux communs et spécificités